Je n’avais jamais voyagé seul à l’étranger. Ironique pour le propriétaire d’un blog axé sur les voyages et les tests de compagnies aériennes, vous me direz. Et vous avez totalement raison.
C’était, pour moi, une ligne que je n’avais encore jamais osé franchir. Je n’avais jamais pris l’avion seul, jamais traversé une frontière seul, encore moins passé un week-end dans une grande ville, seul. Et pourtant, suite à une situation imprévue, je me suis retrouvé à partir… seul à Madrid.
En une fraction de seconde, les plans de mon week-end se sont envolés. Comment allais-je aller dans cette boîte de nuit qui me faisait tant envie, seul, maintenant que mon amie n’était plus de la partie ? Et qu’allais-je bien pouvoir faire, tout seul à Madrid, pendant trois jours ? Mais surtout… comment allais-je prendre ce vol, sans personne ?
Et bien, figurez-vous qu’une fois rentré en Suisse, mon tout premier réflexe a été de remercier mon amie – pour m’avoir fait sortir de ma zone de confort. Je vous raconte mes premières 72 heures seul à l’étranger, dans cet article.
Les premières heures.
Au début, on ne se rend pas forcément compte de ce qui est en train de se passer dans notre vie. J’étais habitué à prendre le train, donc je me rendais à l’aéroport sans stress particulier.
Mais une fois arrivé sur place, j’ai réalisé que j’allais être seul avec moi-même pendant 72 heures.
J’étais stressé, j’avais peur de ne jamais revenir, et surtout… j’oubliais des choses logiques.
J’ai passé la sécurité avec mon téléphone dans la poche, j’ai oublié de retirer une bouteille d’eau de mon sac à dos. Et pourtant, j’en ai passé, des contrôles de sécurité ! Mais là, c’était le stress qui parlait, rien d’autre.
Une fois cette étape passée, je me suis dirigé vers le salon Iberia pour attendre mon vol. J’ai mangé, bu un verre, et passé quelques appels à mes amis.

Pendant l’embarquement, je pensais que j’allais me sentir moins à l’aise que prévu… mais finalement, le vol s’est bien passé. Je regardais le paysage défiler à toute vitesse au décollage, et je me suis surpris à penser : “Mais qu’est-ce que tu fais ?”

À mon arrivée à Madrid, mon taxi m’attendait déjà. Il était temps d’exercer mon espagnol et de me rendre à mon hôtel. De ce point de vue-là, tout s’est très bien passé — finalement, ça ne changeait pas tant que ça de mes voyages habituels.
Des moments de doutes, mais qui font partie du processus.
Mon premier challenge a été le suivant : que faire de cette entrée pour la boîte de nuit que j’avais déjà achetée ? J’allais passer pour qui, moi, à entrer seul dans une discothèque en plein Madrid, sans connaître personne ? Faire la file pour commander une boisson… pour une seule personne. Pire encore : danser seul.
Et puis, je me suis dit que j’allais tenter le coup. Après tout, l’entrée était déjà payée, donc je ne perdais rien. Je me suis fixé une limite : j’y reste 30 minutes. Si ça va bien, une heure. Pas plus. Et bien, figurez-vous que je suis rentré à ma chambre d’hôtel à plus de 4h30 du matin.
Oui, les premières heures ont été un peu étranges. La boîte n’était pas encore remplie, et j’avais cette impression que tout le monde voyait que j’étais seul. Mais en fait, la meilleure technique, ça a été d’aller au milieu de la foule.
Et là, tout change. Les groupes se forment naturellement, les gens sont détendus, et on finit toujours par échanger quelques mots avec des inconnus. Petit à petit, effet boule de neige : tu danses, tu rigoles, et tu te retrouves en cercle avec de nouveaux amis de boîte de nuit, comme si tu les connaissais depuis toujours.

Au réveil, un nouveau challenge m’attendait : il était temps de sortir prendre le petit déjeuner.
Mais finalement, là aussi, ce n’était pas si compliqué.
J’ai marché un moment, tranquillement, jusqu’à trouver la boulangerie qui me faisait envie.
Je suis entré, j’ai remis mon espagnol en route et j’ai commandé un petit : “Un cafecito y unos pancakes, por favor.” ☕🥞
Je me suis installé à une table, j’ai sorti mon téléphone, et j’ai commencé à écrire quelques messages à mes amis… Pour leur raconter la nuit que je venais de vivre.

De nouvelles amitiés, de nouveaux rires et de nouvelles découvertes.
Je ne sais toujours pas ce qui m’est passé par la tête cet après-midi-là, mais j’ai décidé d’aller voir un spectacle de stand-up, en plein cœur de la Gran Vía de Madrid. J’ai acheté mon billet en ligne, et à 17h, j’étais attendu pour assister à un show… en espagnol, d’un humoriste dont je n’avais jamais entendu parler.
Déjà que je suis encore en train d’apprendre l’espagnol, je m’étais dit que je n’allais probablement rien comprendre. Mais surtout, je me demandais ce que je faisais là, seul, dans cette salle.
Et là, vous imaginez bien la scène.
Je rentre.
On m’installe… au premier rang.
Oui, tout devant. 😅
Le comédien entre sur scène, prend le micro et dit d’un ton rassurant :
“Promis, je ne vais déranger personne pendant ce spectacle, parce que je sais que ce n’est pas amusant…”
petit silence
…puis il me regarde droit dans les yeux, me pointe du doigt et crie :
“… sauf TOI !“
Ma tête à ce moment-là ? Un mélange de panique et de gêne absolue. J’avais déjà peur d’être là, peur de rien comprendre, et voilà que ce moment de solitude culmine en happening improvisé. Mais finalement, il m’a permis de commencer à discuter avec mes voisins. Je leur ai expliqué que j’étais ici seul, à cause d’un imprévu, et que je ne parlais pas très bien espagnol.
Et vous savez quoi ? C’est sûrement la meilleure chose qui me soit arrivée pendant ce séjour d’être dans ce théâtre et d’avoir ce moment de gêne.

À la fin de la représentation, mes voisins de spectacle m’ont proposé d’aller boire un verre avec eux.
On s’est retrouvé dans un autre quartier de Madrid que je ne connaissais pas, et peu à peu, d’autres amis à eux nous ont rejoints.
Au final, je me suis retrouvé avec plus de dix personnes, à parler en espagnol, à raconter ma vie, à rigoler et à danser avec eux. Je n’ai pas vu le temps passer… mais j’étais heureux. Heureux d’avoir assisté à ce spectacle. Heureux de l’avoir compris, malgré mes doutes. Heureux d’avoir fait ces nouvelles rencontres.
Et franchement, encore aujourd’hui, quand je tombe sur une publication Instagram de l’un d’eux, ça me reconnecte instantanément à ces souvenirs. Des souvenirs que je n’aurais probablement jamais vécus si je n’avais pas osé partir seul.
Ce que je retiens ? Voyager seul au final, c’est incroyable.
Alors oui, tout n’a pas été sans stress. J’ai douté, parfois, mais au final, le résultat est sans appel : je suis heureux de ce voyage.
Et effectivement, pas besoin de réserver une table dans un restaurant gastronomique pour faire son premier voyage seul. Preuve en est, j’ai aussi commandé en chambre. 😅

Mais c’est ça qui est génial. Mes efforts, entre la discothèque, le théâtre, me promener seul dans les rues de Madrid, m’ont déjà semblé incroyables sur le moment. Et pourtant, j’avais encore quelques petites réserves pour le souper du soir, dans un restaurant, seul… Mais c’est OK. C’est tout à fait normal.
Voyager seul, c’est une aventure qui commence à chaque petit pas, chaque petite victoire. Et moi, j’ai hâte de recommencer.